Holocauste : comment les Albanais ont sauvé des milliers de Juifs

Mise en ligne : mercredi 17 juin 2009
Oubliée depuis plus d’un demi siècle dans les chambres fortes de l’un des régimes les plus secrets de la planète, l’incroyable histoire des Albanais qui ont sauvé la vie de milliers de Juifs durant l’Holocauste refait surface. Un documentaire tourné par une équipe de Pristina jette une lumière nouvelle sur une histoire héroïque et bien trop méconnue. Rencontre avec Dardan Islami, réalisateur de Sauvetage en Albanie.

Par Lawrence Marzouk

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M. Mandil et son fils Gavra Juifs Yougoslaves réfugiés en Albanie de 1942 à 1945.

Du Journal d’Anne Franck à la Liste de Schindler, l’Holocauste est devenu une source d’inspiration majeure pour les réalisateurs d’Hollywood. Mais l’histoire de deux mille Juifs qui ont trouvé refuge en Albanie pendant la Seconde guerre mondiale est l’une de celle qui avait jusqu’ici échappé à Steven Spielberg et consorts. Ce n’est heuresement pas le cas de Dardan Islami, réalisateur du documentaire qui met en scène cette histoire fascinante. Il a d’ailleurs bon espoir que son film puisse piquer l’intérêt des majors de Hollywood.

« Personne n’avait jamais entendu parler de cette histoire, pour la simple et bonne raison qu’elle a été placée sous le sceau du secret du régime communiste albanais », explique Dardan Islami, le réalisateur et fondateur d’Urban FM de Pristina.

Ce film qu’il a intitulé Sauvetage en Albanie est le fruit de longues et laborieuses recherches, qui ont mené Dardan Islami et ses collaborateurs des montagnes les plus reculées d’Albanie à New York et Tel Aviv, sur les traces de ceux qui ont trouvé refuge en Albanie et au Kosovo.

Le documentaire, dont la première a eu lieu à Pristina en avril 2009, raconte comment l’Albanie fut le seul pays d’Europe qui comptait au sortir de la Seconde guerre mondiale une population juive plus importante qu’avant le cataclysme.

Dardan Islami ne comte pas s’arrêter en chemin et espère que cette première n’est que le début de nombreuses représentations à travers le monde.

Avant l’Holocauste, à peine 200 Juifs vivaient en Albanie. Ils étaient 2000 en 1945, et ce alors même que les nazis mettaient en œuvre leur politique d’extermination de masse dans l’ensemble de l’Europe continentale. D’après les recherches de l’équipe qui est à l’origine du documentaire, le journal Jewish Daily Post, basé à Londres, a écrit en juillet 1935 :

« Cela fait maintenant un mois que les diplomates albanais appliquent en Europe les directives du gouvernement du roi Zog Ier, qui consistent à octroyer des passeports à tous les Juifs désirant se rendre et vivre en Albanie ».

Les informations recueillies dans les Archives nationales albanaises de Tirana confirment belles et bien que le roi Zog Ier a invité les Juifs à venir en Albanie dès les années 1930, dans le but de stimuler le développement du pays. La plupart ont effectivement obtenu des visas pour l’Albanie. Dans le meilleur des cas, certains ont même eu le privilège d’obtenir des passeports albanais.

Quand Albert Einstein avait un passeport albanais

D’ailleurs, bien peu de gens savent qu’en 1935, Albert Einstein lui-même a bénéficié de l’aide albanaise pour passer d’Europe en Amérique. Il a séjourné trois jours à Durrës, sur la côte Adriatique, dans la résidence royale, avant de poursuivre son périple vers le monde libre. Tout cela, muni d’un passeport albanais.

Au début de la guerre, alors que l’Albanie et le Kosovo se trouvaient sous occupation italienne, le gouvernement albanais a usé du peu d’autorité qu’il avait pour obtenir un accord avec les Italiens. Cette entente lui a permis d’éviter l’obligation de fournir aux forces allemandes la liste des Juifs présents sur son territoire.

Les réfugiés juifs ont tout d’abord été accueillis dans des familles domiciliées surtout dans les villes. Cependant, étant donné qu’il devenait de plus en plus risqué de se déplacer dans les agglomérations en raison des nombreux barrages et des fréquents contrôles des forces d’occupation, beaucoup s’enfuirent dans les montagnes en se faisant passer pour des bergers. Ils ont trouvé refuge chez les habitants albanais des régions reculées, difficiles d’accès, qui leur ont offert le gîte et le couvert.

Dardan Islami possède une explication toute prête à cette hospitalité : « Ces Albanais qui ne possédaient pourtant rien, n’ont pas hésité une seconde à partager leur morceau de pain avec ceux qui se trouvaient encore plus dans le besoin qu’eux ».

À Tel Aviv, Felicita Jakoel, dont les parents ont été protégés par des Albanais pendant la guerre, a confié à l’équipe qui a tourné le documentaire : « Une femme m’a un jour raconté l’histoire suivante. Elle m’a dit : « Nous sommes arrivés en Albanie avec de faux documents. A la frontière, les douaniers l’ont vite compris, mais ils nous ont tout de même laissé passer. Mon père a loué un cheval et nous a mis, je veux dire les enfants, sur son dos. Après un long voyage, nous sommes arrivés dans un village complètement perdu. Là, nous avons loué une vieille maison. Une nuit, nous avons entendu frapper à la porte. Nous étions alors persuadé que c’était les Allemands et qu’ils venaient, pour nous tuer. Mais lorsque nous avons ouvert, nous avons trouvé un vieux villageois qui se tenait sur un âne. Il s’est contenté de déposer un sac de farine, sans dire un mot. Aujourd’hui, je réalise que ce sac de farine nous a sauvé la vie. Je peux vous affirmer Ce type d’évènement s’est produit tout au long de notre séjour forcé en Albanie. »

De l’avis de plusieurs, la besa, c’est-à-dire le serment qui oblige l’Albanais à s’acquitter scrupuleusement de son devoir envers ses invités, a joué un rôle décisif dans la générosité albanaise à l’égard des Juifs qui étaient dans le besoin.

En effet, le kanun albanais, le code d’honneur national, stipule que la maison de l’Albanais appartient à la fois à Dieu et à l’invité. « La besa a été le facteur le plus important : les Albanais ont toujours dit qu’ils préféraient mourir que faire du tort à un invité », précise Dardan Islami.

Lorsque des centaines de Juifs de Mitrovica, dans le nord du Kosovo, à ce moment sous le joug nazi, furent déportés vers des camps de concentration en Serbie, puis en Autriche et en Allemagne, les autorités locales ont commencé à transférer secrètement des Juifs dans des zones éloignées d’Albanie.

Ainsi en avril 1942, cent familles juives ont quitté le Kosovo pour Berat, en Albanie, tandis que 195 autres trouvaient refuge à Kavaja. D’autres encore se sont installés à Kruja, Tirana, Fier, Shijak, Shkodra entre autres. Bon nombre d’entre eux réussirent même à trouver du travail, dans des magasins, des manufactures ou dans l’agriculture.

À Berat, 38 familles albanaises ont hébergé environ 600 Juifs à partir de 1942. Près de 350 d’entre eux venaient de Dalmatie, du Monténégro, de la Serbie et de la Macédoine. Les autres, près de 400, arrivèrent eux de Grèce. Certains Juifs ont pu recevoir des cartes d’identité, sur lesquelles ils portaient des noms albanais. Cela permis de les rendre imperméable aux recherches de la police et des militaires italiens.

Rakela Kantozi, qui vit aujourd’hui à Modi’in, en Israël, relate sa propre expérience : « Nous nous sommes échappés de Mitrovica pour aller à Pristina, grâce à l’aide d’une famille albanaise. Un type de Shkodra, Shaqir Boriçi, m’a demandé pourquoi je vendais ces biscuits chaque jour. Je lui ai dit la vérité, que nous n’étions pas d’ici et que nous nous cachions des Allemands. Une fois au courant, il nous a beaucoup aidés. Il nous a hébergé dans sa propre maison. Nous nous sommes cachés dans l’une des chambres. L’une de ses filles est d’ailleurs devenue une bonne amie à moi. Cela a duré jusqu’à ce que le pays soit libéré. »

La capitulation de l’Italie en 1943 a entraîné l’arrivée des troupes du Reich, ainsi que l’instauration de mesures plus dures à l’égard des Juifs. Néanmoins, cela n’a pas entravé la lutte pour les sauver.

Selon les cinéastes, Hysen Prishtina et Riza Drini, les deux maires de Pristina durant la guerre, ont refusé que les Juifs soient livrés à l’occupant. Ils ont même essayé de créer un passage sécurisé pour ouvrir les routes de l’Albanie à des centaines de Juifs. Prenk Uli, le secrétaire de la préfecture de Pristina, a également lui-même aidé 52 Juifs originaires de Pristina à s’enfuir vers l’Albanie.

Le rôle joué par l’Albanie dans la protection des Juifs a été reconnu par le Yad Vashem, le mémorial israélien consacré à l’Holocauste. Les noms de certains responsables a qui on doit le sauvetage de plusieurs centaines d’individus sont gravés à cet endroit.

En fait, « Si tous les pays et toutes les nations avaient agi comme les Albanais, l’Holocauste n’aurait tout simplement jamais eu lieu ». Tel est du moins l’avis de Dardan Islami.

http://lessakele.over-blog.fr/article-32901955.html

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